Gestion des émotions chez l’enfant : les spécialistes à consulter
Un enfant, secoué par des émotions qu’il ne sait pas nommer, peut voir son univers chavirer d’un coup, que ce soit sur les bancs de l’école ou à la maison. Et parfois, face à des tempêtes intérieures qui dépassent la simple écoute ou les encouragements, il faut plus qu’une bonne volonté parentale.
Des réponses existent, précises, portées par des professionnels rompues à l’accompagnement émotionnel et comportemental. Chacun, avec sa méthode et son expertise, propose un chemin adapté pour aider l’enfant à apprivoiser ce qui l’agite.
Plan de l'article
Pourquoi les émotions débordent parfois chez les enfants ?
Chez un enfant, la gestion des émotions est loin d’être innée. Le cerveau, en pleine construction, n’a pas encore les bons leviers pour apprivoiser la colère, la peur ou la tristesse. Le cortex préfrontal, cette partie qui permet de réfléchir, de freiner les impulsions, n’achève sa maturation qu’à l’adolescence. Résultat : les réactions sont souvent brutes, sans filtre, parfois intenses.
Différents éléments compliquent la donne. Il y a d’abord les événements marquants : un déménagement, une séparation, un changement d’école… Ces bouleversements résonnent de façon décuplée chez certains enfants. D’autres facteurs sont plus subtils : la personnalité, le tempérament, la sensibilité propre à chaque enfant. Chez certains, tout déborde facilement. D’autres composent avec des troubles neurodéveloppementaux, TDAH, autisme, qui rendent la régulation émotionnelle encore plus fragile.
À cela s’ajoutent l’environnement familial, la charge scolaire, et même les stéréotypes liés au genre. On attend souvent d’un garçon qu’il ravale sa tristesse, d’une fille qu’elle ne hausse pas le ton. Ces codes sociaux, parfois invisibles, pèsent lourd sur la façon dont les enfants vivent et montrent leurs émotions. Être attentif à ces difficultés émotionnelles dès les premiers signes, c’est leur offrir une chance d’avancer plus sereinement, sans bagage inutile à porter.
À qui s’adresser quand les émotions deviennent difficiles à gérer ?
Quand les émotions s’invitent au centre de la vie de famille, le premier interlocuteur à solliciter reste le médecin traitant ou le pédiatre. C’est lui qui prend le temps d’écouter, d’évaluer la situation, puis, si besoin, d’orienter vers d’autres spécialistes. Plus la démarche est engagée tôt, plus il est facile d’identifier le problème et d’agir avant qu’il ne s’enracine.
Dans le domaine de la santé mentale de l’enfant, il existe tout un réseau : centres médico-psychologiques (CMP) et centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Ces structures, pluridisciplinaires, rassemblent psychologues, pédopsychiatres, orthophonistes, psychomotriciens… Ensemble, ils repèrent et prennent en charge les troubles du comportement, les troubles DYS, ou toute difficulté liée à l’expression des émotions.
Pour aller plus loin dans l’analyse, les neuropsychologues réalisent des bilans approfondis, notamment quand il s’agit de troubles de l’attention ou de comportements atypiques. Les ergothérapeutes et graphothérapeutes interviennent lorsque les questions motrices ou d’écriture interfèrent avec la vie émotionnelle de l’enfant.
Certains cas nécessitent une prise en charge spécifique : les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou l’EMDR sont proposées, par exemple, après un traumatisme. Quant aux parents, ils ne sont pas seuls : le corps enseignant représente souvent un allié de poids pour repérer les premiers signaux d’alerte, notamment à l’école.
Des ressources et astuces concrètes pour accompagner son enfant au quotidien
Le rôle des parents dans la gestion des émotions chez l’enfant est déterminant. Lorsqu’une colère gronde ou qu’une tristesse surgit, l’écoute active reste une base solide. Permettre à l’enfant de mettre des mots sur ce qui le traverse, sans minimiser ni dramatiser, lui ouvre un espace où il se sent compris. Bienveillance et empathie ne sont jamais superflues pour l’aider à apprivoiser ce qu’il ressent.
Pour faciliter ce travail au quotidien, plusieurs outils sont à portée de main :
- Les livres sur les émotions, adaptés à l’âge, aident l’enfant à comprendre qu’il n’est pas seul à vivre ces tempêtes. Les histoires, comme celles de Rebecca Shankland, offrent des repères et libèrent la parole autour des difficultés émotionnelles.
- Certains jeux de société misent sur la reconnaissance et l’expression des émotions. Les parties se transforment en moments d’échange, en famille, pour mettre à jour ce qui se joue derrière les attitudes ou les silences.
L’activité physique possède elle aussi des vertus insoupçonnées. Bouger, courir, sauter ou danser permet d’évacuer la tension. Dans plusieurs villes, des ateliers de relaxation ou de yoga pour enfants voient le jour dans les écoles ou centres sociaux, offrant des bulles de répit pour apprendre à prendre de la distance face à l’émotion.
Pour celles et ceux qui éprouvent le besoin d’échanger avec d’autres, il existe des groupes de parole dans de nombreuses villes. Ces rencontres, entre parents, permettent de relativiser, de partager des expériences vécues, et d’enrichir sa propre boîte à outils d’astuces concrètes pour soutenir l’enfant dans son parcours.
Apprendre à gérer ses émotions, ça ne se joue pas en un jour. Mais chaque geste, chaque mot posé, construit une digue solide face aux vagues de la vie. Et parfois, il suffit d’un regard posé, d’une oreille attentive, pour changer durablement la trajectoire d’un enfant.
